Voix du Nord Béthune : les JA dénoncent le gâchis du foncier

«Sur la zone des Pilastres, la position des agriculteurs est claire: c'est un non catégorique.»

| ÉLECTIONS RÉGIONALES |

Sur un secteur agricole comme le Béthunois, il fallait s'y attendre. Plusieurs candidats de la liste des Jeunes agriculteurs travaillent dans le Bas-Pays. Mais si leur volonté n'est pas d'être élus à la Région, ils comptent bien profiter de la campagne pour se faire entendre.

« Quand on a pris la décision de faire une liste, c'était d'abord pour communiquer », rapporte ainsi Christophe Delaval, agriculteur à Lestrem. À ses côtés, François-Xavier Bar de Chocques, Samuel Bar d'Hinges ou Hélène Leleu de Fleurbaix. La trentaine, ils défendent trois axes majeurs.

Halte à l'urbanisation

Le foncier d'abord dont ils jugent la gestion catastrophique. « Tous les ans, l'équivalent d'un département est sacrifié à l'urbanisation.

Forcément, c'est plus facile que de réhabiliter les friches en ville. » Et de s'insurger contre ces zones commerciales dont l'aménagement n'est pas réfléchi. La preuve : chaque magasin a son grand parking. Principal (mauvais) exemple : la Porte Nord à Bruay. « On va droit dans le mur, tempête François-Xavier Bar. On nous enlève notre outil de travail. » Cet agriculteur chocquois est d'autant plus concerné que ses terres sont à quelques centaines de mètres du nouveau rond-point des Pilastres. Là où une zone controversée doit être aménagée sur 60 hectares autour du giratoire. « Si cette zone se fait, dans 20 ans, il n'y aura plus de terre agricole,pointe François-Xavier Bar. En plus, on est en pleine trame verte. La position du monde agricole est claire : c'est un non catégorique. » Un refus que les agriculteurs ont déjà fait connaître à Artois Comm., compétente sur le dossier. Ils profitent aussi des récentes déclarations du maire de Béthune dont ils saluent la position.

Ce projet symbolise une fois de plus un manque d'harmonisation. « Il n'y a pas de concertation entre les communautés de communes », regrette Samuel Bar. Ce alors que se côtoient, à quelques kilomètres d'intervalle, les zones de Loisinord ou de Porte Nord. « Pourquoi pas un SCoT (schéma de cohérence territoriale) à l'échelle de la région ? », propose le jeune homme.

Les agriculteurs développent aussi d'autres propositions. Celles sur lesquelles ils estiment avoir leur mot à dire. L'emploi par exemple. « L'agriculture représente 74 000 emplois dans la région, soit 15 % des actifs, avance Christophe Delaval pour montrer le poids de son secteur d'activité. Ils ne sont pas délocalisables. » Et François-Xavier Bar de citer « Mac Cain, Roquette ou Bonduelle », ces entreprises qui dépendent de leur travail.

Reste l'alimentation. Sur ce point, les Jeunes agriculteurs veulent « valoriser les produits régionaux » et « les circuits courts » quand, chaque jour, « 450 000 personnes prennent un repas hors foyer ». Et Christophe Deleval d'ajouter : « 20 % de production bio dans les cantines, c'est très bien ». Sauf qu'il faut leur donner les moyens financiers de produire bio en revalorisant la filière.

Il leur reste deux semaines pour se faire entendre. • CH.-O. B.