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Mettez le Nord Pas-de-Calais dans vos assiettes !
23 février 2010

Lu dans la Voix du Nord

PORTRAIT
Mickaël Poillion, jeune agriculteur à la campagne... et en campagne

lundi 22.02.2010, 05:05

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Suite de notre série de portraits sur les têtes de liste aux élections régionales. Aujourd'hui, l'inattendu du scrutin : Mickaël Poillion, leader des Jeunes Agriculteurs.

On le découvre en plein travail, dans un hangar et sur la paille, au milieu de ses soixante-cinq vaches.

Mickaël Poillion ne se fait pas prier pour commenter son cheptel avec humour. « Il y a la montbéliarde également baptisée vache Milka, la prim'holstein, la normande qui fait le camembert et la vraie flamande qui donne moins de lait et qui a bien failli disparaître. » Il est comme ça Mickaël Poillion, la boutade c'est pour détendre l'atmosphère mais il veut convaincre et surtout faire évoluer les choses.

La mondialisation, il en prend acte. « Je produis 460 000 litres de lait par an, ce n'est pas mon village qui va les boire. » Mais à l'entendre, ruraux comme urbains ont intérêt à prendre un virage ensemble sinon... ils iront dans le mur. Ensemble.

Faire évoluer les mentalités, à la campagne comme à la ville, il y met beaucoup d'énergie, de cette énergie qui l'a fait courir pendant des années sur les terrains de foot, jeune espoir dans l'antichambre des pros à Lille - « J'ai joué contre Anelka » - avant de rejoindre l'exploitation familiale.

Une question le taraude : « Comment va-t-on continuer à faire vivre le monde rural ? » Il veut éviter deux écueils, « l'agriculture à l'américaine, standardisée » et « l'élevage à la bretonne, avec ses porcs sans goût à trois euros le kilo ». Mickaël Poillion ne joue pas les donneurs de leçons : « Je ne dis pas aux aînés qu'ils ont fait n'importe quoi, mais maintenant il faut qu'on change. » Côte mutation, le porte-parole des Jeunes Agriculteurs est déjà passé aux travaux pratiques. L'exploitation familiale de 170 hectares a basculé une partie de ses cultures en bio. « On est 150 dans la région, on pèse 1 % de la production ; si le mouvement ne se structure pas, ce ne sera qu'un effet de mode, comme pour ces clients qui viennent avec leur gros 4X4 acheter mes patates bio ! » Bio ou pas, Mickaël Poillion a une ligne directrice : relocaliser l'agriculture, retrouver le lien avec les consommateurs. garantir des débouchés locaux aux producteurs en réformant le code des marchés publics, privilégier la qualité.

Sur le bulletin de vote, le programme électoral se résume en une formule : « Mettez le Nord - Pas-de-Calais dans votre assiette. » Mais Mickaël Poillion peut développer et argumenter pendant des heures.

Au siècle dernier, un président s'est fait élire en dénonçant la « fracture sociale », lui part en croisade contre la « fracture alimentaire » qui ramène les pommes du Chili et la viande d'Argentine dans nos cantines. Il y a du José Bové et du Nicolas Hulot chez ce militant du « produire et consommer autrement », qui s'est payé un diagnostic de biodiversité sur ses terres pour recenser insectes et oiseaux.

Bouteille à la mer Mickaël Poillion a une autre hantise : l'urbanisation qui grignote le territoire rural. « Lotissements, zones d'activités à moitié vides, ronds-points, on étale le développement sur une surface impressionnante, chaque année dans la région 2 500 hectares disparaissent. » Pour autant, le jeune agriculteur n'est pas un nostalgique d'une campagne à l'ancienne. « J'aime bien Euralille, je trouve que c'est une occupation intelligente de l'espace mais les zones commerciales avec leur labyrinthe de ronds-points comme celle d'Hénin-Beaumont, très peu pour moi.

» Il est comme ça, Mickaël Poillion. Il préfère son petit cinéma de proximité qui a su garder le label « art et essai » à Saint-Pol-sur-Ternoise aux multiplexes en bordure de lointaines rocades.

Le militant veut éveiller les consciences en pensant aux générations futures. « Si le prix de l'énergie flambe, on sera bien content d'avoir conservé des agriculteurs de proximité. » Il ne joue pas les prophètes de malheur : « On a de la chance en France, on a su conserver des productions de qualité et diversifiées. » Cette candidature de témoignage, c'est un peu une bouteille à la mer. « Vous savez, le monde rural se sent seul, peu écouté, et peu compris. »

PAR DOMINIQUE SERRA                                                                                                            

zoom

• Les cantines pour vitrine

« Mobiliser les cantines de tous les lycées pour permettre aux jeunes de découvrir les produits de l'agriculture régionale. » Si Mickaël Poillion devait choisir une seule mesure dans le programme électoral des Jeunes Agriculteurs, ce serait celle-là.

« Je suis effaré de voir ce que les jeunes mangent », ajoute le militant qui a au moins deux points communs avec José Bové : un rejet de la mal-bouffe et une volonté de promouvoir les productions locales « de saison » en favorisant la renaissance d'une agriculture de proximité.

                                  

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